vendredi 7 octobre 2011

Wild Pich – La rencontre avec un DJ altruiste, passionné et passionnant // Le 18.08.2011

J’ai eu le plaisir de discuter avec DJ Wild Pich, oui discuter… car ce qui au départ devait être une simple interview s’est vite transformée en un moment partagé par deux aficionados du Hip-Hop. Wild Pich ne s’est pas contenté de répondre à mes questions, il m’a enrichi par son savoir, par sa passion ainsi que pour l’amour qu’il a pour cette culture.

En face de moi, j’avais une personne agréable, très humble, un brin perfectionniste, raison pour laquelle il se remet facilement en question (le doute est humain m’a-t-il dit). Ce que je retiens avant tout du personnage, c’est son côté passionné, quand il me parlait de musique, j’avais l’impression que c’était un gosse qui me racontait un exploit duquel il était grandement fier.

Wild Pich fait partie des ces DJ qu’on ne présente plus, non parce qu’il s’agit d’une tête d’affiche ou encore moins parce que c’est un de ceux qui s’autoproclament « rois des platines »… Mais bien parce qu’il fait partie de cette catégorie d’artistes qui cherchent avant tout un contact et un échange avec le public.

Il mixe depuis environ 19 ans en soirée, sa première soirée date de 1992 et être DJ lui est venu tout naturellement, car à la base c’est quelqu’un qui adore partager ce qu’il est aime, donc la musique en faisait naturellement partie. Il a commencé à mixer dans des « booms »*, au centre de loisirs de Bergières (le mercredi pm).

Le 20.08.11 il a fêté avec DJ R Crazy les 11 ans des soirées Hip-Hop au loft, je dis bien Hip-Hop car par le passé on ne parlait pas de soirées R&B (sachez-le). Et pour lui, c’est une grande fierté, car il n’aime pas du tout ce qui est éphémère et il croit toujours en cette musique, laquelle il rend hommage à chaque fois qu’il est en communion avec son public, avec ceux qui comme lui croient à la pérennité du Hip-Hop et qui n’ont pas envie que cette culture dont nous louons tous se perde.

Par le passé, j’ai le souvenir de m’être ennuyé à certaines de ces soirées, car de soirée en soirée, la playlist ne changeait guère et c’était limite si mes potes et moi ne connaissions cette dernière parcœur, comme une poésie qu’on devait réciter à l’école.

Il a su m’apporter une explication, plausible ou pas pour les lecteurs mais néanmoins argumentée et justifiée.

Vu qu’il mixait avec des vinyles, il était limité dans leurs nombres (pas aussi facile à trouver que les MP3) et il préférait garder toujours la même caisse et ainsi céder à la facilité. D’après ce que j’ai pu comprendre, il a souvent entendu cette remarque et c’est quelque chose qu’il regrette ne pas avoir su remédier plus tôt.

En tant que DJ comment vis-tu l’évolution du HH ?
Il y a un grand changement en termes de public et aussi de ses influences.
Avant c’était le HH qui influençait le R&B qui influençait la Pop, alors qu’aujourd’hui nous sommes dans des schémas presque inversés.
Et aujourd’hui il est beaucoup plus difficile de faire découvrir les musiques, car le public veut écouter ce dont il a envie (public capricieux et parfois moins réceptif)

Est-ce que pour toi le rap c’était mieux avant ?
Non… autrefois le rap n’était pas meilleur qu’il ne l’est aujourd’hui. Le rap a toujours été un reflet de l’instant T avec son vécu et ressenti.


En terme local, et d’après toi qu’est-ce qui manque ici pour le HH soit
reconnu à sa juste valeur ? (ça reste encore un peu marginal dans l’esprit de certaines personnes)

Il faut un média solide qui sache transmettre quelque chose de pertinent et aussi challenger les protagonistes et antagonistes.

Aujourd’hui quelle place a le HH dans ta vie ?
C’est ma deuxième femme

Qu’est-ce que tu aimes l plus en soirée ?

Quel est pour toi le meilleur moment quand tu mixes ?
Qu’est-ce que tu aimes l plus en soirée ? Transmettre ce que je ressens, partager tout cet amour que j’ai pour la musique et le partager avec tous, c’est le plus important.
Quand tout le monde déjante, moi y compris… mais pas trop afin de prévenir une certaine fatigue, il est important de savoir alterner entre l’excitation et le calme.


En tant que DJ tu dois toujours être en alerte sur les nouveautés, les nouvelles tendances… est-ce un travail difficile qui te prend beaucoup de temps ?
Oui pas mal... Mais il faut beacuoup de discipline pour bien gérer l’équilibre entre la passion et la famille.


En terme de concurrence, comment est-ce que ça se passe ? Ou tu sens qu’il y a plutôt une collaboration entre les DJ ?
Je cherche plutôt à former une équipe avec mes compères, mais certains adorent la compétition à tel point que la soirée peut se transformer en battle, c’est une question d’état d’esprit avant tout.

Et la nouvelle génération de DJ dans tout ça ?
La nouvelle génération est beaucoup plus compétitive à ce niveau là et la relève ne m’effraie pas.

Je suis disposé à former les jeunes, car pour moi le talent n’a pas d’âge.

Mot de la fin
Un grand merci à tous ceux qui me soutiennent, viennent à mes soirées, me donnent leur feedback et avec qui ensemble nous faisonsce partie de ce mouvement. !
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* Des booms jusqu'au Loft et le Deep Club, on peut dire que Wild Pich a fait une sacré progression ;)
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Culture Urbaine CH